samedi 8 décembre 2012

Jour 3 : un nouveau continent


Réveil matinal, PTDèj aux tartines grillées locales,
 un passage obligatoire par l’avenue de kite’n’surf-shop pour compléter le matériel,

 nous apprenons en suite sur le quai d’embarquement que le départ de notre bateau  de 14h se fera à 16, très bonne occasion d’aller fouler les fameux spots du coin, pas en kite on-aurai-pas-le-temps, et puis le temps est maintenant à la grisaille, mais pour les premières leçons de mon co-pilote : « notion de fenêtre de vol et pilotage d’aile niveau 1 » ou encore « comment faire en sorte de ne pas vouer un kite à la fonction de râteau dans le sable. »



Il ne fallait pas manquer le départ du bateau, nous voilà dans la file de voiture à attendre de passer le contrôle de la douane. Alors que notre tour venait, « Démarrons-vite, ils n’aiment pas qu’on les fasse attendre », la clef tourne dans le contact, le démarreur n’émet pas un son. 3 tentatives successives n’y changent rien « Tu vois la bonne nouvelle c’est que c’est pas la batterie, on aurait entendu au moins un « nien-nien-nien-nieeeeeen…
-          D’acc, et l’autre bonne nouvelle c’est que tu sais réparer ça ?
-          Absolument pas, il nous faut des outils, on trouvera bien un garage à Tanger va, maintenant, poussons ! »
Nous avons pu embarquer sans (autres) encombres.



Gibraltar passé en une heure, nous voici sur l’autre continent. Les membres d’équipage trouveront parfaitement normal de devoir pousser la voiture pour la faire démarrer, et nous donnerons même un coup de main pour accélérer la manœuvre. Le grand cirque commence alors pour sortir du port : le passage de la douane version marocaine : un douanier qui a tout pouvoir de décision sur la douzaine de voiture en attente (les autres attendent derrière de pouvoir être de la prochaine douzaine), et une quinzaine de « proches » du douanier, qui commencent à demander les papiers aux conducteurs, poser les questions administratives, ET pécuniaires, dans le but de faciliter le travail du responsable. Comprenez que s’ils sont satisfaits des échanges verbaux et trébuchants (surtout), ils diront au responsable « on a tout fouillé, ils sont clean », dans ce cas ce dernier ne passera pas plus de quelques minutes à négocier avec vous, dans le cas contraire, « Ah ça pour eux je ne peux rien garantir », et vous pouvez vous attendre à voir votre véhicule fouillé pièces par pièces… Nous avons pu passer dans le premier cas, mon co-pilote ayant passé un certain nombre d’années au Maroc, il était très au fait de ces coutumes.

Le code de la route nécessite lui-aussi de bien maitriser les coutumes « c’est simple, il faut conduire à l’instinct, le reste c’est du détail », je ne suis pas mécontent d’être passager pour traverser Tanger sous une pluie qui ne nous lâche pas depuis notre arrivée sur le continent. L’autoroute direction Rabat sera plus conventionnelle, jusqu’à la première station service où nous avons du faire le plein « bon tu ne t’inquiète pas comme le démarreur ne marche pas et qu’on est en pente et bien je…   [CLAC ; la porte se ferme]
-        -  Tu vas faire QUOI ? »
Le préposé à la pompe ne haussera même pas un sourcil en faisant le plein de notre voiture, moteur tournant…
Quelques heures d’autoroute plus tard, nous serions à Rabat pour un dîner dans un petit restaurant typique,

 puis de nouveau sur l’autoroute pour une nouvelle nuit à alterner conduite, et repos au poste de passager.


mardi 4 décembre 2012

Jour 2 : To Andalucia





11h 30 : Nous approchons de Madrid, toujours à la recherche d’un garage ouvert.
Le constat qu’ils sont moins souvent fermés pour cause de « pas encore ouvert » que « à vendre » fait un peu froid dans le dos. Nous finissons par trouver un artisan sympas qui accepte volontiers de nous faire une réparation de fortune, précisant qu’il ne sait pas combien de temps cela pourra tenir. Commentaire avisé sur le moment « Tu vois ici ils sont moins bête qu’en France, chez nous ils nous auraient forcé à changer la pièce, alors que ça peut encore faire pleins de kilomètres ! »

Un sandwich enfilé sur place, c’est maintenant le soleil qui nous accompagne, pouvoir conduire sans bouchon dans les oreilles est un nouveau luxe que nous apprécions sans modération.

C’est une fois passé Madrid que le paysage devient beaucoup plus vert, les grandes plaines font ensuite place aux premières aspérités de la Sierra Nevada. Nous terminerons de les franchir avec un coucher de soleil dans un ciel parfaitement dégagé avant d’atteindre Tarifa, dernière étape européenne de notre périple.
L’idée de passer la nuit dans un hôtel d’un des plus célèbre spot de kite de la planète sans prendre le temps d’y tirer quelques bords bien sentis peut paraître étonnante, (voir blasphématoire, j’en suis bien conscient), mais la température  extérieure ne franchit pas les 10°, cette veille de décembre n’a pas beaucoup chauffé la mer, et puis on se dirige vers d’autres spots non moins célèbres, qui ont l’avantage d’être maintenus à température agréable par le désert. Un dîner typique espagnol enfilé, le sommeil nous écrasera de tout son poids pour une nuit réparatrice, après 2300 km de bitume.

lundi 3 décembre 2012

Jour 1 : Le départ



Lyon, le 28 novembre,
L’heure du départ tant attendu.
Mon co-pilote est arrivé vers 18h, sous une pluie fine, 6° au thermomètre, un vent de nord soutenu, la nuit déjà tombée, drôles de conditions pour entamer un road-trip de 4000 km dans le désert.
Une fois notre R19 remplie, le dernier tour de clef de la porte de l’appartement terminé au ralenti (avec le traditionnel « mais qu’est-ce que j’oublie, à quoi est-ce que je n’ai pas pensé »…
Après quelques mètres , j’osais un «  Dis-donc, elle fait pas un drôle de bruit ta voiture ?
-          Tu vas pas me croire ! Elle était nickelle lorsque je suis parti, et alors que je m’étais arrêté sur une aire d’autoroute, une Porsche est sortie de sa place de parking, et m’ait rentré dedans en reculant ; son par choc était défoncé, pratiquement par terre, et moi j’avais rien comme la voiture est plus haute. Comme c’était une dame et qu’elle était déjà traumatisée à l’idée d’expliquer ça à son mari, je n’ai pas fais de constat bien sûr.
C’est en reprenant la route que je me suis rendu compte de ce drôle de bruit, après vérification, le choc a enfoncé le pot dans la voiture, ça a abimé la ligne d’échappement et elle ne tient plus que par un fil, c’est rien du tout hein, il faudrait quelques outils pour resserrer ça et on n’entendra plus rien.

10 km plus tard, on ne s’entendait plus dans la voiture. « Ca a du bouger je pense, le problème c’est que personne n’acceptera de réparer ça en France, on trouvera bien un garagiste sympas en Espagne va, heureusement que j’ai pris des boules kies avec moi, sinon d’ici 10 min au aura la tête qui va exploser »

Le ton était donné, 8h à beugler pour essayer de se comprendre dans le vacarme filtré par les accessoires en mousse, dans des conditions diluviennes et un vent de folie qui nous suivra jusqu’en Espagne.



Mon co-pilote avait déjà les 500 km de Paris à Lyon dans les pattes, j’étais au volant pour la première partie de la nuit. Au bout d’une centaine de km dans des conditions déplorables, « Tiens je n’ai changé que l’essuie-glace conducteur, on va s’arrêter à la prochaine station, je vais en prendre un pour le passager parce que ce n’est pas agréable je ne vois rien moi, c’est l’affaire de 5 minutes. »
Après 15 minutes de tentatives infructueuses par 90km/h de vent, 6 °, et beaucoup d’humidité « M’enfin c’est pas possible ces nouveaux modèles qui ne veulent pas s’adapter ! je vais remettre l’ancien tant pis, on mettra le neuf lorsque les conditions seront meilleures ». Bon…



10 km plus loin, alors que la tempête bat son plein, CLANG sur le pare-brise, le support d’essuie-glace frotte maintenant sur la vitre, le ballait vient de nous  quitter.
On a donc finit par installer le nouveau « tu es sûr qu’il va tenir celui-là ?  - Certain ! »
Il est encore sur la voiture heureusement.
La tempête nous aura suivie jusqu’en Espagne, la frontière est passée à 2h du matin. Alternant alors les tours de conduite et de repos, la sono à fond pour couvrir le bruit de l’échappement.